Sécheresses et menaces sur l’eau

+3 °C: portrait d’une planète en surchauffe (8)

Source: Michel de Pracontal – Mediapart – 11 novembre 2015

L’objectif affiché de la COP21 est de maintenir la température globale de la planète à un maximum de +2 °C par rapport à la moyenne pré-industrielle. On en est loin. Si l’on s’en tient aux annonces des États, on se dirige vers +3 °C, ou plus. À ce niveau, les conséquences seront catastrophiques.

Le réchauffement climatique risque d’entraîner des sécheresses à grande échelle, donc celle de Californie ne serait que le prélude. « La baisse de la pluviométrie sur le pourtour méditerranéen, au Proche-Orient, en Afrique du nord, comme en Californie, au Mexique, dans certaines zones d’Amérique du Sud ou en Australie entraîne des risques de désertification, dit Valérie Masson-Delmotte. Les sécheresses peuvent avoir un effet irréversible sur les réserves d’eau souterraine et les forêts. Le problème est d’abord climatique, mais il pose aussi la question d’une utilisation durable des ressources en eau. Les pratiques humaines peuvent limiter le risque de désertification. »

Une étude britannique a suggéré que la forêt amazonienne serait au trois quarts détruite par un réchauffement de 3 °C, du fait d’une extrême sécheresse dans le bassin amazonien. Cependant, une recherche plus récente conclut que la sécheresse est moins probable et que les forêts tropicales sont moins vulnérables qu’on ne l’avait supposé (voir notre article).

Mais dans les régions sèches subtropicales, le changement climatique va réduire fortement les ressources en eau, selon le Giec. Les modèles montrent que le risque pour les ressources en eau de l’Afrique passe du niveau « moyen-haut » avec un réchauffement de 2 °C, à « haut-très haut » pour 4 °C.

À l’échelle de la planète, la proportion de la population exposée à une baisse des ressources en eau, d’ici 2080, serait comprise entre 11 et 37% dans un scénario respectant l’objectif 2 °C ; avec un scénario business as usual entraînant un réchauffement de 4 °C, ce seraient entre 27 et 50% des habitants de la planète qui seraient concernés par la diminution des réserves d’eau, selon une étude citée par les chercheurs du groupe Avoid 2. Selon les mêmes chercheurs, deux millions de personnes seront exposées à un problème d’eau d’ici 2100, si l’on ne ralentit pas le réchauffement.