Disparition d’étudiants

Les 43 étudiants disparus au Mexique ont été assassinés par un gang

Nota BeneCet article relate l’issue tragique d’un mécanisme décrit sous le titre de page « Collusions entre les autorités et les cartels de la drogue« .

Source: Médiapart – 8 novembre 2014

Des membres présumés d’un groupe criminel ont avoué avoir tué plus de 40 des étudiants disparus à la fin du mois de septembre au Mexique et avoir brûlé leurs cadavres, a annoncé, vendredi 7 novembre, le ministre mexicain de la justice, Jesus Murillo Karam.

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Mexico – Manifestation après le meurtre d’ étudiants – http://www.loeildelaphotographie.com

Trois des suspects ont expliqué que les étudiants avaient été tués après leur avoir été livrés par des policiers liés au groupe criminel des Guerreros Unidos, entre les villes d’Iguala et de Cocula, dans l’Etat de Guerrero, a ajouté le ministre. Des restes carbonisés des cadavres ont été déposés dans des sacs en plastique puis jetés dans une rivière proche, a-t-il précisé. Selon leurs aveux, les corps ont été brûlés avec de l’essence, sur des bûchers de bois et de plastique, lors d’une opération qui a duré 14 heures.

Comme a souligné Jesus Murillo Karam, il est difficile d’identifier les restes carbonisés. Les autorités vont donc continuer à considérer que les étudiants sont disparus jusqu’aux résultats des tests d’ADN. Avant sa conférence de presse, le ministre avait livré ses informations aux familles. Mais celles-ci ont déjà fait savoir qu’elles ne croiraient pas que les jeunes aient été tués avant les résultats d’experts argentins indépendants.

Les 43 jeunes entre 17 et 21 ans ont disparu le 26 septembre après une fusillade provoquée par des policiers et des hommes armés, présumés narcotrafiquants, et qui avait fait six morts et 25 blessés. C’est la première fois que les autorités judiciaires mexicaines relatent l’affaire d’une manière qui mène à la conclusion que, très probablement, tous les disparus ont perdu la vie.


 Mexique, le cimetière des disparus

Source: Emilie Barraza, correspondante au Mexique – Médiapart – 13 décembre 2014 (Extraits)

People with missing relatives dig in an area under investigation by a forensics team, near mass graves discovered in October, in La Joya on the outskirts of Iguala, Guerrero state
Des habitants de la région d’Iguala recherchent des restes humains de parents disparus. Novembre 2014. © Jorge Dan Lopez/Reuters

Dans l’État du Guerrero, où ont disparu 43 étudiants le 26 septembre dernier, les habitants découvrent des cimetières clandestins. Une situation qui reflète un drame national : depuis 2006 au Mexique, et le début de la guerre contre le narcotrafic, plus de 23 000 personnes ont disparu.

Armés de pelles, de pioches ou de machettes, ils sont une cinquantaine d’habitants d’Iguala et des environs, réunis, un dimanche matin de novembre 2014, sur la grande place. À quelques mètres, la mairie trône, saccagée et brûlée par les cocktails Molotov de manifestants le 22 octobre dernier. Il y a quelques hommes et beaucoup de femmes, jeunes ou plus âgées, parfois accompagnées d’enfants. « On va créer des groupes de six personnes », lance Miguel. « Chaque groupe se mettra à fouiller une fosse potentielle, et dès que vous trouverez des ossements, vous arrêterez. »

Miguel est promoteur des UPOEG, l’Union des peuples et des organisations de l’État du Guerrero, une organisation qui regroupe des policiers communautaires de la région et chargée de rechercher les 43 étudiants disparus le 26 septembre 2014, à Iguala. « Cette ville est un cimetière géant », explique Miguel : « En recherchant les étudiants d’Ayotzinapa, nous avons découvert de très nombreuses fosses autour de la ville, nous avons donc décidé de revenir et d’aider les habitants pour qu’ils retrouvent eux-mêmes leurs disparus. »