Tentations autoritaires et totalitaires

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L’autoritarisme entraîne à terme la disparition du pluralisme

L’autoritarisme consiste  en une prééminence, une hypertrophie de l’autorité érigée en valeur suprême. Si certains chercheurs et professeurs en science politique définissent l’autoritarisme comme un des trois grands types de systèmes politiques avec la démocratie et le totalitarisme, beaucoup d’autres considèrent cette classification comme trop formelle et ne correspondant pas à la réalité. Un régime politique autoritaire est un régime politique qui par divers moyens (propagande, encadrement de la population, répression) cherche la soumission et l’obéissance de la société.

La valorisation de l’autorité amène à une absence de pluralisme : le souverain, le parti ou l’organisation dirigeante est le seul détenteur de tous les pouvoirs. Les différents pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont entremêlés et ne sont pas indépendants. Dans le cas où un seul homme détient le pouvoir, on qualifie le régime d’autocratique et l’on assiste ordinairement au développement d’un culte de la personnalité, caractéristique de nombreuses dictatures ou totalitarismes[réf. nécessaire].

D’autres aspects peuvent être présents comme :

  • l’absence de contrôle des pouvoirs
  • l’absence de légitimité, du principe de souveraineté nationale : le peuple n’a pas le droit de vote, ou le système électif rend les votes sans objet.
  • la restriction des libertés individuelles

Les régimes autoritaires ne présentent que rarement des caractéristiques démocratiques. Ils s’opposent profondément au parlementarisme et prospèrent généralement sur la perte de crédibilité de ce système politique. Ni la population dans son ensemble ni une de ses composantes ne peut destituer le pouvoir en place, le critiquer ou exiger de lui une décision favorable à l’ensemble du peuple.

En conséquence, les citoyens (ou sujets) de ces régimes disposent généralement de moins de droits que ceux des régimes démocratiques.

Exemples de régimes autoritaires:

  • L’Espagne franquiste
  • L’Arabie saoudite
  • Le Royaume de Hongrie sous la régence de Miklós Horthy
  • La République du Zimbabwe de Robert Mugabe
  • La République arabe de Syrie de Bachar el-Assad
  • La Libye sous le régime dictatorial de Mouammar Kadhafi
  • La Tunisie sous l’ère Ben Ali
  • La Russie de Poutine
  • Les pays d’Asie centrale de nos jours : Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan

 Les caractéristiques du totalitarisme selon R. Aron, philosophe

Source: Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965.

Les principaux éléments qui caractérisent le totalitarisme sont les suivants :

1. Le phénomène totalitaire intervient dans un régime qui accorde à un parti le monopole de l’activité politique.

2. Le parti monopolistique est animé ou armé d’une idéologie à laquelle il confère une autorité absolue et qui, par suite, devient la vérité officielle de l’État.

3. Pour répandre cette vérité officielle, l’État se réserve à son tour un double monopole, le monopole des moyens de force et celui des moyens de persuasion. L’ensemble des moyens de communication, radio, télévision, presse, est dirigé, commandé par l’État et ceux qui le représentent.

4. La plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l’État et deviennent, d’une certaine façon, partie de l’État lui-même. Comme l’État est inséparable de son idéologie, la plupart des activités économiques et professionnelles sont colorées par la vérité officielle.

5. Tout étant désormais activité d’État et toute activité étant soumise à l’idéologie, une faute commise dans une activité économique ou professionnelle est simultanément une faute idéologique. D’où, au point d’arrivée, une politisation, une transfiguration idéologique de toutes les fautes possibles des individus et, en conclusion, une terreur à la fois policière et idéologique. (…) Le phénomène est parfait lorsque tous ces éléments sont réunis et pleinement accomplis. »


Notons que la principale différence entre un régime totalitaire et un régime autoritaire c’est que dans ce dernier on ne trouve aucune trace de la volonté des gouvernants d’obliger les citoyens à adhérer à une idéologie.

Ces régimes  ont fréquemment recours à l’emprisonnement, la torture et l’élimination physique des opposants ou personnes soupçonnées comme telles, voire la déportation des groupes de citoyens jugés « suspects », « inutiles » ou « nuisibles », comme le démontrent d’autres thèmes développés sous  » Ennemis de la démocratie «