Baisse de productivité des cultures

+3 °C: portrait d’une planète en surchauffe (9)

Source: Michel de Pracontal – Mediapart – 11 novembre 2015

L’objectif affiché de la COP21 est de maintenir la température globale de la planète à un maximum de +2 °C par rapport à la moyenne pré-industrielle. On en est loin. Si l’on s’en tient aux annonces des États, on se dirige vers +3 °C, ou plus. À ce niveau, les conséquences seront catastrophiques.

L’impact des sécheresses et de la pénurie d’eau touche les cultures et la production agricole. D’après Avoid 2, la perte de terres cultivées dépend fortement du degré de réchauffement : dans un scénario à 2 °C, le monde perdrait environ 4 millions de kilomètres carrés cultivés en 2100 ; à 3 °C, ce seraient 5,7 millions de km2 ; et à 5 °C, la perte de terres cultivées s’élèverait à 7,6 millions de km2, la surface de l’Australie.

r-1.jfzepeg
Bétail buvant dans une rivière en voie d’assèchement près d’Utrecht (Afrique du Sud), novembre 2015 © REUTERS/SIPHIWE SIBEKO

Même un réchauffement de 2 °C affectera les cultures de riz, de maïs et de blé dans certaines régions, en particulier en Afrique. Dans le futur proche, la production de céréales secondaires (orge, sorgho, mil) en Afrique pourrait être réduite de 17 à 22 % par le changement climatique. Au-dessus de 3° C, le changement climatique risque de faire baisser la production agricole également dans les régions tempérées. En Afrique, avec un réchauffement de 4 °C, la baisse de productivité des cultures et de l’élevage entraînerait un très haut niveau de risque pour la sécurité alimentaire, selon le Giec.

En Asie, des températures plus élevées vont faire baisser les rendements des rizières. De nombreuses régions sont déjà proches des limites de stress thermique pour la culture du riz. Dans les plaines du Gange, en Inde, les rendements du blé pourraient décroître de 50 % à cause de la chaleur. La montée des océans risque d’inonder des zones basses en affectant fortement des régions de rizières.

D’ici 2080, on prévoit une baisse majeure de la productivité de la terre en Afrique sub-saharienne (de 14 à 27 %) et en Asie du Sud-Est (de 18 à 32 %), couplée à une augmentation de la demande d’eau.