Marché financier: un casino géant truqué qui nous gouverne

Marché financier: un casino géant truqué qui nous gouverne

Source:  Blog de Liliane Held-Khawam – 16 septembre 2015

Le marché qui impose ses normes aux gouvernements n’est pas anonyme. Les principales banques dites too big to fail sont les détentrices majoritaires des marchés financiers. C’est la raison pour laquelle, elles arrivent à manipuler les devises et autre Libor. Observez bien, elles agissent toujours par bande.

Plus grave est la souveraineté octroyée à ces banques sur les dettes publiques mondiales. Elles en fabriquent -création monétaire ex-nihilo- les crédits et imposent leurs conditions. L’arbitraire légalisé en quelque sorte.

Le bénéfice est immédiat et double. D’une part, la banque grossit grâce à l’argent qu’elle a créé pour l’occasion et d’autre part, elle met sous tutelle par la finance l’ensemble de l’économie, de la société et des peuples des Etats du monde.

Cette position dominante de durée indéterminée car légalisée confère aux banques et à leurs dirigeants un statut de facto de suzeraineté mondiale.

Voilà que s’ajoutent à tout ce qui précède les logiciels de trading à haute fréquence.Leurs atouts font débat puisque leurs opérations à la seconde sont si élevées qu’ils larguent totalement les traders humains. Les bénéfices de leurs créateurs et de leurs détenteurs sont incalculables.

Ces outils sont donc hautement discriminants puisque les acteurs traditionnels et institutionnels (nos caisses de retraite) ne les détiennent pas. Ils deviennent des proies de choix. Les uns seront toujours perdants et les autres toujours gagnants. Donc, si la bourse devait dégringoler, devinez qui peut provoquer le phénomène, qui va survivre et qui va couler après avoir été soigneusement dépouillé.

Un dernier petit mot concernant les banquiers centraux et spécialement ceux de la BNS. Ils se sont spécialisés ces dernières années dans le rachat au prix fort des titres et devises pour maintenir à flot ce système vérolé pour ne pas dire mafieux. C’est le fameux quantitative easing, justifié élégamment par une « politique monétaire non conventionnelle ». Il est en train de finir d’assécher l’économie réelle, les retraites et les finances publiques. Car, il faut savoir que ce rachat de titres et devises a un coût. Il se fait avec la caution des Etats dont disposent si librement les banques centrales.

Le pillage est donc systématique et méthodique. Ne faisons donc pas les surpris quand on découvre le taux de suicide des patrons des PME/PMI, ou des agriculteurs à qui d’un côté on coupe les crédits et de l’autre on les propulse sur le marché mondial des biens et services lui aussi truqué car détenu par la haute finance.

Tout cela n’est possible que parce que les nouveaux maîtres disposent du soutien des gouvernants, élus sur de faux programmes et un argumentaire qui relève plus de la propagande électorale que de la réalité de terrain. C’est ainsi que le patron actuel de l’ « autorité » de surveillance des marchés financiers prône la robotisation totale du trading -les fameux logiciels- pour augmenter l’éthique! Pour lui «limiter le facteur humain dans ce secteur réduira le potentiel de manipulation dans le futur»… Il ne parle évidemment pas des créateurs et des détenteurs de ces logiciels.

L’article ci-dessous vous fait plonger dans l’univers glauque du trading à haute fréquence qui use et abuse de sa prise de pouvoir et qui broie l’humain. Sans scrupule.

Michaël Lewis: la Bourse est truquée

Source: Sébastien Buron et Pierre-Henri Thomas – trends.levif.be –  5 mai 2014

Dans son dernier livre intitulé “Flash Boys”, le journaliste américain Michael Lewis accuse les traders à haute fréquence de manipuler Wall Street.

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Selon le journaliste américain Michael Lewis, la Bourse de New York serait truquée, au profit d’automates bourrés d’algorithmes qui achètent et vendent à la vitesse de la lumière, grugeant au passage les petits investisseurs… Zoom sur des pratiques boursières qui dérangent.

“Quiconque investit en Bourse est une proie pour les traders à haute fréquence !” Lâchée tout récemment dans une interview sur la chaîne américaine CBS, la petite phrase de Michael Lewis n’a pas manqué sa cible. En comparant les investisseurs traditionnels à de frêles oiseaux pour le chat, l’ancien courtier de Wall Street a relancé outre-Atlantique le débat sur les méfaits présumés du courtage électronique à grande vitesse.

Pour lui, cela ne fait aucun doute : les cours de la Bourse américaine (NYSE, Nasdaq, etc.) sont systématiquement faussés par ce que dans le jargon on appelle le high frequency trading, c’est-à-dire le trading à haute fréquence, ces programmes informatiques complexes qui prennent tout le monde de vitesse en achetant et en vendant des actions, des devises, des produits dérivés, des matières premières, bref, n’importe quel instrument financier. En quelques millionièmes de secondes, soit bien plus vite qu’un clignement d’oeil.

Argent, vitesse et technologie Auteur de livres à succès sur les coulisses de la finance, Michael Lewis n’en est pas à son premier coup d’essai. Ex-trader reconverti dans le journalisme et l’écriture, il s’est rendu célèbre avec des ouvrages comme Liar’s Poker en 1989 ou The Big Short en 2010 (sur la crise des crédits à risque).

41rC-xFW03L._SX327_BO1,204,203,200_Dans Flash Boys. A Wall Street Revolt, il nous livre cette fois-ci une critique acerbe de l’univers du trading à haute fréquence. Un univers, écrit-il, qui n’a plus rien à voir avec celui de la finance à l’ancienne, celui des courtiers classiques et de Gordon Gekko, héros du film Wall Street d’Oliver Stone (1987). “Les marchés financiers ont changé trop rapidement, au cours de la dernière décennie, par rapport à la représentation mentale que nous nous en faisons encore. L’image des courtiers traditionnels aux vestons de couleur, hurlants les uns avec les autres, est dépassée. Aujourd’hui, les échanges boursiers ne se font plus sur le floor du New York Stock Exchange ou sur les différents marchés de Chicago, mais au départ de boîtes noires logées dans des immeubles bien gardés situés dans le New Jersey ou à Chicago. Ce qui se passe dans ces boîtes noires ? Personne ne le sait exactement. Même pas les experts. Dans ce monde du courtage à grande vitesse, les êtres humains ont été remplacés par une intelligence financière d’un nouveau genre, faite d’ordinateurs superpuissants, programmés pour se comporter d’une manière autre que ne le ferait son concepteur à titre personnel.”

Concurrence déloyale La thèse défendue par Lewis est claire : les marchés américains sont détournés par ces “HF traders” qui se branchent juste à côté des ordinateurs des places boursières. Selon lui, ces sociétés de robots spéculateurs, dont les plus connues se nomment Getco, Virtu, Citadel ou encore Optiver, profitent de la technologie la plus sophistiquée en matière d’algorithmes, de serveurs et de fibres optiques pour gagner quelques millièmes de seconde et passer des ordres massifs (jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’opérations par seconde sur un seul titre), histoire de toujours avoir un coup d’avance sur les investisseurs classiques, petits particuliers ou grands fonds de pension. C’est-à-dire nous tous.

Vous voulez acheter des actions Microsoft ? Invisibles et très rapides, les HF traders peuvent déceler votre envie, les acquérir avant vous sur une autre plateforme boursière pour vous les revendre finalement à un prix plus élevé, affirme Michael Lewis, pour qui c’est évident : nous sommes en présence d’une arnaque. Légale, certes. Mais une arnaque quand même. Une sorte de hold-up technologique, ni vu ni connu… Comme si vous arriviez au cinéma pour voir le dernier film dont tout le monde parle. Vous prenez place dans la file devant la caisse, et quand arrive votre tour un inconnu surgit devant vous, et prend votre place. Ainsi de suite, avec un deuxième, puis un troisième, jusqu’à ce que la salle soit pleine. A ce moment, l’inconnu se tourne vers vous et vous propose de vous revendre son billet. Plus cher !