Le judaïsme

La religion des Juifs 

Source: Wikipédia

Pour l’Encyclopedia Britannica, le mot judaïsme recouvre la religion des Juifs, ainsi que la théologie, la loi et les traditions culturelles du peuple juif, constitué des descendants des Israélites provenant de l’antique terre d’Israël et des quelques minorités les ayant rejoints par la conversion et s’étant mélangées à eux au fil de leur diaspora de deux millénaires.

Pour un juif orthodoxe comme Daniel Boyarin, le judaïsme n’est ni une religion ni une foi, mais « l’ensemble des rituels et des autres pratiques, des croyances et des valeurs, des loyautés historiques et politiques qui constituent l’allégeance au peuple d’Israël ». Le judaïsme comporte des éléments religieux mais ne s’y limite pas puisqu’il contient, outre ses codes de conduite, des lois, des rites, et des coutumes non spécifiquement religieuses.

Selon ses textes fondateurs, en particulier le Tanakh, la foi des anciens Israélites et de leurs descendants les Juifs, serait basée sur une alliance contractée entre Dieu et Abraham, qui aurait ensuite été renouvelée entre Dieu et Moïse.

Les juifs fondent le judaïsme sur la religion abrahamique qui fleurira ensuite dans la Loi mosaïque (la Torah, les Nevi’im et les Ketouvim), collectivement désignés par l’acronyme Tanakh, dont le texte constitue la Miqra ou Bible hébraïque.

Cette religion se fonde sur le culte du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, au Nom ineffable, qu’elle conçoit comme une UnknownEssence éternelle (YHWH), qui détient tous les pouvoirs (Elohim), transcendant le Seigneur des Seigneurs (Adonaï) qu’elle considère Un et Unique et qu’elle qualifie ainsi : omnipotent, omniscient, omniprésent, juste et miséricordieux. Cette religion professe aussi que le rassemblement de toutes les puissances (Elohim) manifesta le créateur du monde qui continue de s’impliquer dans sa destinée en faisant irruption dans l’Histoire dont il révèle la dimension d’Histoire Sainte, comme lorsqu’il fit sortir d’Égypte les enfants d’Israël. Les cohanim, ou prêtres, du Temple de Jérusalem, par deux fois détruit, assuraient Son culte.

Certains groupes juifs, comme les Ésséniens, s’opposaient à la centralité du culte à Jérusalem. La seconde destruction du Temple de Jérusalem et la dispersion des juifs dans le monde donna naissance à plusieurs traditions religieuses juives. Si la majorité des juifs se regroupèrent autour de l’élaboration du Talmud par les rabbanim, un mouvement strictement scripturaliste, dit Karaïsme, s’opposa à la codification de la tradition orale, tandis que d’autres groupes éloignés, comme les Beta d’Israël en Éthiopie, ignorèrent cette évolution et se développèrent en vase clos.

Le judaïsme est l’une des plus anciennes traditions religieuses du monothéisme exclusif encore pratiquées aujourd’hui. Les valeurs et l’histoire du peuple juif sont à la source des deux autres religions abrahamiques, le christianisme et l’islam. Il n’est toutefois pas à la base du samaritanisme, qui est une tradition israélite très tôt distincte du judaïsme de Jérusalem, ni du zoroastrisme, lui-même issu du mazdéisme.


Les courants du judaïsme

Le judaïsme révère Dieu comme l’Autorité suprême au moyen de l’interprétation et du respect de Sa Loi, la Torah révélée au prophète Moïse. Cette Loi, d’abord orale, fut ensuite couchée par écrit dans la Bible (le Tanakh), puis commentée au fil des siècles, générant ainsi une grande diversité d’interprétations. Tous les courants du judaïsme, anciens et modernes, professent ainsi certaines croyances communes :

Ils se souviennent de l’Alliance contractée avec Abraham, Isaac et Jacob, et tiennent que Dieu se révéla à Moïse comme l’Essence Éternelle (YHWH). Ils se rappellent qu’il fit sortir d’Égypte le peuple d’Israël après quatre siècles vécus en esclavage.
Ils affirment que les enfants d’Israël furent élus par YHWH pour être Son peuple et qu’il attend d’eux qu’ils marchent dans Ses voies (halakha). Cette volonté de marcher dans les voies de YHWH, cette halakha qui permet d’accorder sa vie aux préceptes de la Torah dans des conditions d’existence perpétuellement changeantes selon les lieux et les époques, est l’origine des différents courants d’interprétation de la Loi juive.

Malgré ces croyances communes, le judaïsme témoigne de divergences d’orthodoxie théologique. Même dans les cercles les plus traditionalistes, celui qui pratique la Loi reste libre de penser de façon originale. La kabbale, par exemple, prospéra parmi les juifs, permettant, par les astuces interprétatives de la guématrie, les spéculations mentales les plus libres et les plus audacieuses.

Le développement du judaïsme fut progressif et témoigne de paradigmes successifs et parfois opposés. Après le retour des exilés de Babylone, la religion mosaïque se divisa entre Judéens (Juifs) et Samaritains, ces derniers récusant l’interprétation de la Torah que proposent les Prophètes ainsi que la centralité de Jérusalem.

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Le judaïsme du Second Temple fut lui-même l’un des plus diversifiés de l’histoire juive : outre les groupes les mieux connus (esséniens, zélotes, pharisiens, sadducéens et les hérodiens), d’autres courants existaient dont nous ne connaissons guère que le nom : nazaréens, gnostiques, ou encore Minim, terme qui désignait probablement les premiers chrétiens. Le Second Temple de Jérusalem et les grands-prêtres, théoriquement autorité centrale dans le judaïsme, furent rejetés par les Juifs d’Éléphantine et les Esséniens. À la suite de la destruction du Second Temple, le judaïsme pharisien devint progressivement majoritaire. Il imposa largement dans le monde juif sa conception de la Torah orale.

L’autorité de cette Loi orale fut néanmoins contestée à l’époque des deux Temples successifs par les Sadducéens, puis à partir du VIIIème siècle de l’ère courante par un courant scripturaliste nommé karaïsme. La Torah orale fut par ailleurs également ignorée par des groupes indépendants tels que les Samaritains ou certaines communautés juives éloignées des centres d’enseignement et de diffusion de cette Loi, comme les juifs de Chine et de l’Inde, et les Beta Israël ou falashas d’Éthiopie.

Plus qu’une religion…

Source: Sylvie Bensaid – 07 sept 2012 – tribunejuive.info/ANCIEN-SITE/culture/les-differents-courants-du-judaisme 

Plus qu’une religion, le judaïsme est un mode de vie et une culture, une sanctification de tous les aspects de la vie, qui à travers les siècles a créé des pratiques pour la plupart codifiées, depuis le lever jusqu’au moment du coucher.

Véritable transformation du profane en sacré, la vie juive est donc scandée par des rites immuables. La pratique de ces prescriptions et l’étude d’un corpus de textes sacrés ont assuré sa pérennité. Au XIXe siècle, le judaïsme traditionnel s’est profondément transformé et a connu, en son sein, différents courants, qui l’ont enrichi, en donnant naissance à un judaïsme pluriel, traversé de multiples tendances, sans jamais rompre son unité.

Le judaïsme le plus classique

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Beth Din, Tribunal rabbinique

… est celui que l’on nomme aujourd’hui « traditionaliste » ou « orthodoxe moderne », parce qu’il vise à la conciliation d’une observance rigoureuse des lois et coutumes traditionnelles avec certaines exigences de la société contemporaine. Il appelle à une stricte observance des Commandements, tout en favorisant par exemple le sentiment patriotique des Juifs envers les pays dont ils sont ressortissants. Il a adopté l’habit occidental, mène une vie sociale dans l’environnement général, y compris non-juif. Il prône une intégration dans la société environnante tout en maintenant une pratique religieuse relativement stricte.Érigés en 1808 par Napoléon pour organiser le culte israélite – il s’agit par conséquent d’une exception française, le Consistoire central et les consistoires régionaux conservent certes un avantage décisif sur les autres mouvements et courants : ses cinq Beth Din (tribunaux rabbiniques) sont les seuls à délivrer les actes officiels de mariage, de conversion, etc. Mais le judaïsme officiel français évolue également en se modernisant : traduction du rituel et de la Bible, introduction de prières pour la République française (encore en cours aujourd’hui y compris chez les hassidim de Loubavitch).

Dans la période concordataire, le judaïsme prend l’Église pour modèle, dans l’architecture des synagogues, par l’introduction de l’orgue et des chants au cours des offices, par l’habit de cérémonie des rabbins et des bedeaux. L’orthodoxie française reste minoritaire, mais sera renforcée, après la Seconde guerre mondiale, par l’arrivée de survivants des pays d’Europe de l’Est. Ceux-ci s’intègrent, comme un courant parmi d’autres, aux institutions existantes, et notamment au Consistoire, avec parfois quelques heurts en matière religieuse. Ce n’est qu’au début des années 1960, face à un judaïsme officiel considéré par eux comme insuffisamment rigoriste, que les institutions orthodoxes se séparent du Consistoire, alors même que celui-ci doit se restructurer pour faire face à l’arrivée des juifs d’Afrique du Nord.

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Choul’hane Aroukh

Prônant un judaïsme authentiquement fidèle, ouvert et tolérant,
le Consistoire fait preuve de rigueur dans le respect de la halakha (corpus de règles établies par la tradition orale, depuis le Talmud jusqu’à aujourd’hui). Le Choulhan Aroukh (codes de lois) fait autorité.
Pour Joël Mergui, le président des consistoires de Paris et de France, les institutions qu’il préside sont au service de la communauté dans sa globalité. « Nos synagogues sont ouvertes à tous les juifs de France. Quelques soient leur degré de pratique, ils peuvent venir tous les jours ou occasionnellement, pour prier, assister à une conférence ou à des cours, ils seront toujours dans leur Maison. Nos rabbins, pour la plupart issus du séminaire rabbinique, savent s’adapter à l’évolution et aux exigences des fidèles. Il est vrai que certaines communautés ont des degrés de pratiques plus intenses. Le consistoire est là pour leur offrir un cadre adapté à chaque sensibilité.

Le Judaïsme ultra-orthodoxe

L’ultra-orthodoxie juive est une réaction à l’assimilation qui semblait menacer le judaïsme européen au XVIIIe siècle. Ce mouvement insiste sur une application très stricte des commandements divins, en évitant dans la mesure du possible tout contact avec la société laïque environnante et les études profanes.

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Ultra-Orthodoxe

Il maintient dès règles vestimentaires spécifiques, chapeau, pantalon, veste ou caftan noir pour les hommes, qui se laissent pousser la barbe et les papillotes (mèches de cheveux dans le prolongement des favoris), manches, jupes ou robe longues pour les femmes, tête couverte si elles sont mariées. Ces règles vestimentaires assurent une modestie (sniout) en rejetant les tenues provocantes ou ostentatoires. Pendant les services, dans des synagogues non consistoriales, dont certaines d’entre elles ont une longue et riche histoire et font partie du patrimoine historique, hommes et femmes sont séparés par une cloison (méhitza). Parce que le monde orthodoxe évolue dans un environnement plus restreint, une forme de méticulosité, des exigences plus rigoureuses que celles demandées par la halakha sont appliquées confie le Rav Elie Lemmel. La Thora est comme une échelle, c’est-à-dire comme une chance exceptionnelle offerte à l’homme de pouvoir grandir et s’élever.

11-CACHEROUT_zeev Les taxes que l’on perçoit sur une cacherout surveillée par un personnel spécialement formé, nous permettent de financer les écoles (non mixtes), les mikvé. Les garçons se mettent très tôt à étudier la Thora, les filles quant à elles étudient jusqu’au bac et fréquentent ensuite les séminaires en France en Angleterre ou en Israël. C’est vrai rajoute Elie Lemmel, que chaque courant a ses spécificités, mais je crois à une synergie avec les autres. Nous devons tous travailler de concert pour permettre aux juifs de se réapproprier leur judaïsme, il ne faut pas se poser en donneur de leçon ».

Au sein du judaïsme ultra-orthodoxe, le hassidisme (de « hassid », « pieux ») est un mouvement de masse religieux et social, fondé en Pologne au XVIIIe siècle, à une époque de persécution et d’oppression. Le hassidisme prêche l’amour de Dieu dans la foi, l’étude de la Torah comme source de joie, la ferveur et l’enthousiasme dans l’accomplissement des ordonnances divines. Des prières ardentes, une spontanéité religieuse et une observance stricte des Commandements doivent permettre d’atteindre un stade privilégié de proximité avec Dieu, véritable extase. Le yiddish reste la langue courante Le mouvement le plus connu est celui des Loubavitch, appelé aussi Habad. 3.000 centres disséminés à travers le monde servent de point de repère et de rencontres aux juifs qu’ils accueillent, notamment à l’époque des fêtes, offrant ambiance juive et repas cacher.

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Rabbi Menahem Mendel Schneerson

Contrairement aux autres courants ultra-orthodoxes, le Chabad ne prohibe pas l’usage d’internet et d’autres outils modernes pour diffuser la bonne parole. »Nous suivons l’enseignement de notre maître Rabbi Menahem Mendel Schneerson qui a dit que les technologies modernes ont été inventées à des fins positives pour le bien être de tous » affirme l’un des dirigeants du mouvement Chabad. « Les quelque 3.000 centres Chabad à travers le monde sont reliés entre eux par le réseau internet » explique-t-il. Les Loubavitch sont toujours les premiers à répondre présent dans le cadre d’un dialogue entre les différentes tendances de la communauté.

Le Judaïsme libéral

Le judaïsme libéral encore très minoritaire en France (environ 2 %), proche des mouvements américains « Reform » et « Conservative, s’est toujours refusé à écrire une « doctrine » qui pourrait apparaître comme un dogme figé. Il prône une évolution de la tradition et une adaptation de la vie rituelle au monde moderne. Sans renoncer aux principes théologiques, moraux et spirituels du judaïsme traditionnel, Il s’attache plus à l’esprit des Commandements qu’à la lettre. Ainsi, hommes et femmes ont les mêmes droits et devoirs au sein de la communauté et les synagogues adoptent la mixité.

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Zadoc-Kahn – (1890-1905)

Le rabbin ou le président de la communauté peut être une femme et participer totalement au service religieux, porter le taleth (châle de prières) et les phylactères. A l’époque de l’affaire Dreyfus, un groupe d’étude se constitue et prend le nom d’Union libérale israélite (ULI), Pendant soixante-dix ans, l’ULI restera la seule communauté libérale de France. Le grand-rabbin de France, Zadoc Kahn, soutient les efforts des libéraux, mais au lendemain de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), elle inaugure sa propre synagogue (Hanoucca 1907), au 24, rue Copernic. Son premier rabbin est Louis-Germain Lévy (1870-1946). Ce mouvement devenue aujourd’hui l’Ulif, qui compte une grande synagogue avec le rabbin Michaël Williams, deux Talmud Torah et un Mikvé a donné naissance aux autres courants libéraux français.

Le Mouvement Juif Libéral de France

… est né en 1977 et représente un des courants du judaïsme religieux contemporain en France. Il dispose à Paris de deux synagogues la fois lieu de prières et centre d’études. Le Mjlf, qui réunit aujourd’hui près de 1 300 familles s’enorgueillit de son équipe rabbinique composée de quatre rabbins obéissant à la parité hommes-femmes conduite par le rabbin fondateur Daniel Farhi qui souhaite que le Mouvement juif libéral de France soit reconnu et respecté pour ce qu’il est : une partie importante et dynamique de la communauté juive de France. « Nous sommes en rupture avec le judaïsme traditionnaliste. Bien qu’aucune reconnaissance ne soit officialisée, le consistoire est à nos côtés pour célébrer la mémoire (yom hashoah) et pour la campagne de la tsédaka ». Le judaïsme libéral n’opère pas de restriction en considération du statut de Cohen (Un Cohen peut épouser une femme veuve ou divorcée) ou de celui de mamzer (enfant issu d’une union interdite).estimant qu’il serait injuste de pénaliser l’enfant illégitime.

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la ketouba

Le judaïsme libéral exige le gueth, l’acte de divorce religieux pour remarier des divorcés. Aucun des deux conjoints ayant paraphé à égalité la ketouba, ne peut faire obstruction à sa délivrance en cas de séparation, dès lors que le divorce civil a été dûment enregistré. Comme le dit Marc Alain Ouaknin, qui anime une fois par mois l’atelier Targoum, le peuple juif n’est pas seulement le peuple du Livre, c’est le peuple de l’interprétation du Livre. Pour Julietta Barret, la secrétaire générale, la dernière phase de l’extension et de la rénovation du centre communautaire qui s’est achevée le 14 décembre confirme le succès du mouvement. Un nouvel espace de 200 m2 accueillera les trois cents élèves du talmud thora, la branche Golda Meir des Eclaireurs israélites, un lieu d’études. Le Mjlf une communauté tolérante, riche de ses convictions, fidèle à la mémoire qui constitue le fer du Judaïsme libéral français.
Pauline Bebe la première femme rabbin de France, après avoir travaillé comme rabbin au MJLF, crée en 1995 avec Rémy Schwartz la Communauté Juive Libérale d’Ile-de-France, membre fondateur de la Fédération du Judaïsme Libéral Francophone, pour transmettre un Judaïsme universel, de tradition, d’ouverture et y cultiver des valeurs auxquelles nous sommes attachés : le respect de l’autre, la tolérance, la prière, la joie, la curiosité, la solidarité, l’envie de savoir. La CJL accueille environ 200 familles. Son association culturelle, Nitsa, organise des rencontres et des activités culturelles et conviviales. au Centre Maayan, au siège de la communauté dans le 11ème arrondissement de Paris. Dans son livre « Qu’est-ce que le judaïsme libéral ? » édité chez Calmann Lévy, Pauline Bebe en répondant à soixante-dix questions, présente les principes du judaïsme libéral, retrace son histoire, ses origines et ses perspectives, traite des questions de responsabilité et de commandements, de l’égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, et enfin des rites et des pratiques du judaïsme libéral.

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Pauline Bebe – première femme rabbin en France

Il n’y a pas de différences majeures entre ces trois mouvements libéraux, juste quelques divergences de sensibilité au niveau des rites et de la place de la femme. Le mouvement Massorti, l’appellation du judaïsme « conservative » américain est un Mouvement religieux apparu en Europe au cours de la période qui suivit l’Emancipation ; il se développa à l’instigation de « l’école historique positiviste » prônée par Zacharias Frankel directeur du Séminaire théologique juif de Breslau (1854-1875).

Adath shalom, (la Communauté de la Paix) la première communauté Massorti de France née en 1988, de la volonté d’un groupe qui ne se sentait plus tout à fait à l’aise dans le mouvement libéral et ne se reconnaissait pas non plus dans le milieu orthodoxe, a fêté ses vingt ans, un événement qui a pendant quatre jours démultiplié la visibilité de notre mouvement explique Rivon Krygier, rabbin de la communauté. Le mouvement Massorti est une tendance du judaïsme qui entend concilier l’observance religieuse traditionnelle et la prise en compte des avancées de la modernité, par exemple l’émancipation des femmes, le problème des haggounot, du statut personnel ; nous sommes une voie médiane entre le Consistoire et les Libéraux.

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Rabbin Rivon Krygier

La liturgie est dite presque intégralement en hébreu, nous accordons une importance capitale à la didactique : les livres de prières sont accompagnés de traduction. Les règles de cachrout et de Chabbat sont respectées. L’étude des textes, par la réflexion et la discussion, occupe une place prépondérante.

Nous nous différencions des mouvements libéraux par l’attachement que nous portons aux Mistvot qui font partie inhérente de la tradition. Nous souhaitons réconcilier les juifs avec les synagogues et le culte. Il n’y a pas de normes qui ne méritent d’évoluer si elles sont synonymes de progrès sur le plan spirituel et moral. Les femmes ont un statut égal à celui des hommes. Une femme compte dans le minyan, peut monter à la Torah.

La communauté Adath Shalom et son rabbin Rivon Krygier accueillent toutes les personnes qui recherchent un judaïsme vivant, contemporain, chaleureux, créatif et curieux, quelque soit leur parcours ou leur origine. La transmission du judaisme est au cœur des préoccupations de la communauté.

Tous ces courants diffèrent dans le niveau d’observance et de pratique religieuse, c’est-à-dire d’adhérence et de pratique de la Halakha, dans la méthodologie d’interprétation de celle-ci. Le point d’union reste la croyance en un seul D.. et en la Torah. Un judaïsme constamment travaillé entre fidélité religieuse et adaptation aux nouvelles donnes contemporaines, qui a toujours su rester dynamique et vivant.

*Le Rav Elie Lemmel dirige l’association Lev, le site lamed.fr et la Maison de la famille.


Le livre est écrit pour être lu

Source: Alterinfo.net –  23 décembre 2009

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The Bayswater Synagogue in London. Photograph: Getty Images

Un internaute, Philippe, conclut « les juifs ne sont pas une race ce que prétendaient les partisans de l’apartheid. je vous signale d’ailleurs que les principaux blancs contre l’apartheid étaient des juifs ou, comme on dit sur ce site. »

Je ne conteste pas que parmi les Blancs qui luttaient contre l’apartheid figuraient de nombreux Juifs comme Joe Slovo ou Ronnie Kasrils. Je me bornerai cependant à remarquer qu’ils n’étaient pas sionistes. Kasrils, qui se porte encore bien, n’a pas trahi ses idées anticolonialistes. A aucun moment on n’a postulé ici l’identité entre sionisme et judaïsme.

Maintenant, le judaïsme est-il une race ou une religion?

Philippe s’insurge contre cette question qui heurte effectivement une tradition française. Les Juifs Français par exemple, avaient accueilli très favorablement la révolution française qui leur donnait la qualité de citoyens égaux en droit et en devoirs; et par la même occasion d’échapper à la tutelle pesante du rabbinat. Je ferai simplement remarquer que la France n’est pas le monde et qu’en Europe orientale, en Russie nommément, les juifs ont été considérés comme une nationalité au même titre que les Musulmans par exemple. C’est dans ce terreau d’Europe orientale qu’est né le sionisme politique.
Cette question du judaïsme comme race a défrayé la chronique [juive] tout récemment au Royaume Uni, ce bon vieux pays totalitaire.
De quoi retourne-t-il?
Tout simplement qu’une famille juive s’est vue refuser l’inscription de son enfant dans une école confessionnelle juive au motif que la maman était une convertie et que sa conversion n’était pas reconnue par la tendance orthodoxe [et majoritaire dans le monde juif] de cette école.
Et que cette famille a décidé de poursuivre en justice l’école en question pour infraction à la législation sur la discrimination raciale. Et que l’école a été condamnée pour avoir exclu des enfants non considérés comme ethniquement juifs du fait que leur mère n’est pas considérée comme juive (malgré une conversion!).
C’est bien le seul cas d’une religion où un acte de foi ne peut pas vous valoir la qualité d’adhérent de cette religion et est subordonné à un critère de lien de sang.
Alors à la question le judaïsme est-il une race ou une religion, la Cour Suprême britannique a répondu: il s’agit d’une « race » et les institutions juives ne sauraient donc discriminer à raison d’un motif racial, car c’est illégal. L’article oppose d’ailleurs cette pratique à celle des écoles catholiques qui demandent un certificat de baptême, ce qui ne se transmet pas par le sang.


Le judaïsme est-il une race ou une religion?

Source: Sholto Byrnes, The New Statesman (UK) – 17 décembre 2009 –  traduit de l’anglais par Djazaïri

Les tribunaux commencent à en décider

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Selon le verdict rendu hier par la Cour Suprême de Grande Bretagne, la JFS (anciennement Jewish Free School) du nord de Londres s’est rendue coupable de discrimination illégale en refusant l’inscription d’élèves dont elle ne considérait pas les mères comme des juives « convenables. » Comme je l’avais déja écrit à propos de cette affaire, la décision d’inscrire ou pas les candidats dépendait de la reconnaissance par les services du Grand Rabbin de la qualité de juive de leurs mères – ce qui signifie plus précisément, juive orthodoxe. Ne saute-til pas immédiatement aux yeux qu’il serait juste que ceux dont les mères sont des Juives progressistes, libérales ou réformistes devraient pouvoir entrer eux aussi dans cette institution réputée?

Ceux qui n’aiment pas l’idée d’écoles religieuses se sont réjoui en bloc de cette décision en partant du principe qu’ils trouvent que tout critère d’admission religieux est détestable et discriminatoire. Mais nous nous trouvons désormais dans une situation où les écoles religieuses catholiques et musulmanes pourraient avoir une plus grande latitude pour déterminer l’éligibilité d’un élève que n’en disposera la JFS à l’avenir. Personne ne s’attend, par exemple, à ce que des écoles catholiques donnent la même priorité à des enfants d’Anglicans pratiquants. Mais la décision du tribunalsemble à coup sûr contraindre la JFS – une école orthodoxe – à âtre plus ouverte à d’autres branches du judaïsme.

Ce qui complique encore les choses est que le dossier a été plaidé sur la base de la discrimination ethnique, pas religieuse (raison pour laquelle je ne prends pas au sérieux la suggestion d’Ed Ball pour qui cette décision pourrait menacer les critères d’admission de toutes les écoles confessionnelles, conclusion alarmante à laquelle avait abouti le Daily Telegraph en conclusion de son article sur cette décision). La JFS, selon les attendus de la décision, a exclu des enfants qu’elle ne considérait pas ethniquement Juifs parce que, aux termes de la loi halachique, cette qualité n’est reconnue qu’à ceux qui ont une mère juive.

Comme le New York Times le rapporte, dans un article bien moins hystérique:

« Une chose est claire au sujet du critère matrilinéaire; c’est un critère d’origine ethnique, » a affirmé Lord Phillips, président du tribunal, dans son arrêt rendu à la majorité des juges. Selon la loi, « Par définition, la discrimination basée sur ce critère est une discrimanation sur un principe racial. »

Le Service de l’Education Catholique a déja riposté à la décision du tribunal en disant:

Ce qui constitue l’appartenance à une foi ou à une dénomination religieuse devrait être une matière à laisser à la détermination de cette confession. Que toute autre autorité envisage de le faire à la place du groupe religieux, ou qu’un corps extérieur à l’organisation religieuse affirme la prééminence de sa décision relative à l’appartenance religieuse est un état de fait triste et de nature à discréditer.

Mais il ajoute aussi: « Il importe, tout en signalant notre sympathie avec nos frères et soeurs Juifs, de rappeler que ce jugement ne devrait pas avoir d’impact sur les écoles catholiques. Parce que la définition du catholique repose clairement sur le baptême et non sur un quelconque aspect ethnique ou autre. »

Notes ces quelques derniers mots, « aspect ethnique ou autre. » L’argument selon lequel les Juifs constituent un groupe ethnique aux termes du race relations Act de 1976 et du Public Order Act de 1986 a été un facteur important dans un procès à Leeds cette année où deux hommes ont été condamnés d’incitation à la haine raciale contre les Juifs (je dois ajouter que si la nature antisémite des matériaux qu’ils ont publié ne fait pas de doute, ils font appel de leurs condamnations sur d’autres bases).

Témoin appelé en qualité d’expert pour trancher cette affaire, le professeur Dan Coh-Sherbok, est un homme d’esprit libéral, un universitaire distingué et rabbin d’une synagogue réformée. Il n’est pas dans sa nature de pratiquer la discrimination contre quiconque, et encore moins d’agir d’une manière contraire à la préservation et à la bonne santé de la communauté juive. Il me semble néanmoins que si ce cas devait faire jurisprudence, laissant entendre que la judéité devrait être considérée comme une question d’ethnicité, le simple fait d’avoir des écoles juives pourrait poser problème.

Le New york Times cite aussi David Lightman, un ancien élève de la JFS dont la famille a été affectée par la politique de recrutement de l’école. « ‘Dieu peut arranger ça’, a déclaré Lightman. ‘C’est un grand garçon; il est dans les parages depuis longtemps. Il peur décider qui est Juif et qui ne l’est pas.’ « on peut bien essayer d’être d’accord avec lui, il n’empêche qye la décision de la Cour Suprême signifie que ce n’est plus seulement l’affaire de Dieu ou du Grand Rabbin. La loi aussi a désormais son mot à dire sur cette question, — et c’est quelque chose dont toutes les personnes concernées devraient en fin de compte se mordre les doigts.

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