Enfants-soldats

Les Enfants Soldats dans le monde

Source: Vision du Monde (ONG)

Aujourd’hui, 250 000 enfants soldats sont encore aux mains des forces et groupes armés dans le monde.

Un fléau qui perdure
Il est difficile d’évaluer le nombre d’enfants soldats. Les chiffres évoluent en permanence. Si des milliers d’enfants ont été démobilisés des forces armées au sein desquelles ils combattaient au cours des cinq dernières années avec la fin de conflits armés dans des pays comme l’Afghanistan, l’Angola et la Sierre Leone, des milliers d’autres ont été impliqués dans de nouveaux conflits, par exemple en Côte d’Ivoire, au Soudan et au Tchad. Dans des pays comme la Colombie, le Birmanie (Myanmar) et la République Démocratique du Congo (RDC), il y a eu peu de changements et des milliers d’enfants continuent d’être utilisés en tant que soldats.
En Afrique. Le continent africain compte le nombre le plus important d’enfants soldats. Des enfants soldats sont utilisés dans le cadre de conflits armés au Burundi, en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, en Somalie et au Soudan. Le problème est particulièrement grave sur ce continent, où il a été estimé, mi-2004, que près de 100 000 enfants, certains âgés d’à peine neuf ans, étaient impliqués dans des conflits armés
En Asie, des milliers d’enfants sont associés à des forces combattantes dans des situations de conflits actifs ou de cessez-le-feu. Cependant, du fait du refus des gouvernements de permettre l’accès aux zones de conflits, il est impossible de recueillir des informations sur le nombre d’enfants impliqués. Le cas de la Birmanie (Myanmar) est unique dans la région, en tant que seul pays où les forces armées gouvernementales recrutent par la force et utilisent des enfants âgés de 12 à 18 ans. Il y a également des enfants soldats en Afghanistan, en Inde, en Indonésie, au Laos et aux Philippines, où ils sont surtout associés à des groupes d’opposition armés, des factions ou des clans, ou des groupes composés de minorités ethniques ou religieuses. Au Sri Lanka, des centaines d’enfants, voire des milliers, seraient encore intégrés dans les rangs de la principale force d’opposition et les recrutements forcés continuent.
Au Moyen-Orient, des informations indiquent que des enfants soldats sont utilisés en Iran, en Iraq, en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, ainsi que par des groupes tribaux au Yémen.
En Amérique latine, près de 14 000 enfants seraient impliqués en Colombie dans des groupes politiques armés, et dans des groupes paramilitaires soutenus par l’armée.
En Europe, des personnes âgées de moins de 18 ans seraient impliquées dans divers groupes armés de la République tchétchène de la Fédération de Russie, mais leur nombre est impossible à établir du fait de la censure presque totale imposée aux médias et aux organisations de défense des droits humains travaillant dans la région.
La majorité des enfants soldats dans le monde agissent au sein de divers groupes politiques armés. Ces derniers incluent des groupes paramilitaires soutenus par le gouvernement, des milices et des unités d’auto-défense actifs dans de nombreuses zones de conflit. Ils comprennent également des groupes armés opposés au pouvoir du gouvernement central, des groupes composés de minorités ethniques religieuses ou d’autres minorités, ainsi que des clans ou des factions luttant contre le gouvernement et entre eux pour exercer le contrôle sur un territoire et ses ressources.

Qui sont les enfants soldats ?
Un enfant soldat est toute personne âgée de moins de 18 ans, qui est membre ou est rattachée aux forces armées d’un gouvernement ou de toute autre force armée régulière ou irrégulière, ou d’un groupe politique armé, que l’on soit dans une situation de conflit armé ou non.
Cette définition est celle utilisée par la Coalition pour stopper l’utilisation des enfants soldats, mais est également en accord avec le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et concernant la participation des enfants aux conflits armés, adopté le 25 mai 2000 par l’Assemblée générale de l’ONU et qui fixe à 18 ans l’âge minimum pour la participation directe aux hostilités, pour le recrutement au sein de groupes armés et pour la conscription par les gouvernements.
Ce phénomène touche aussi les filles. La présence de filles, partout où les enfants soldats sont utilisés, est massive. En Ouganda et en Colombie, elles représentent près d’un tiers des enfants soldats. Si elles se battent (41 % d’entre elles participent aux combats) comme les garçons, elles sont plus exposées à la violence sexuelle des soldats. Ainsi, le recrutement systématique de filles aux fins d’esclavage sexuel a été confirmé pour toutes les régions du monde.

Comment sont-ils recrutés ?
La majeure partie des enfants soldats sont des adolescents âgés de 14 à 18 ans qui s’engagent de manière « volontaire »
Cependant, des enquêtes ont montré qu’un certain nombre de facteurs contribuent à la décision de s’impliquer dans un conflit armé, et, en réalité, un grand nombre de ces adolescents ont peu d’alternatives autres que de s’engager.
Les enlèvements forcés, parfois d’un grand nombre d’enfants, continuent de sévir dans certains pays. Des enfants âgés d’à peine neuf ans ont été enlevés et utilisés dans les hostilités.

Pourquoi les enfants finissent-ils par s’engager ?
La guerre elle-même est un facteur déterminant car elle est la cause de l’effondrement des structures économiques, sociales, communautaires et familiales et le fait de rejoindre les rangs des combattants est souvent le seul moyen de survivre. Un grand nombre d’enfants soldats ont affirmé que le désir de venger le meurtre de membres de leurs familles et les autres violences générées par la guerre avaient grandement contribué à leur décision de s’engager.
La pauvreté et le manque d’accès à l’éducation ou au travail sont des facteurs additionnels, car le fait de s’engager représente souvent la promesse ou la possibilité réelle d’un revenu ou le moyen d’en obtenir. En plus de ces facteurs, il peut y avoir le désir d’accéder à une situation de pouvoir, ou à un statut ou d’obtenir une reconnaissance sociale. La pression de la famille et des pairs, qui incitent les enfants à s’engager pour des raisons idéologiques ou politiques ou pour honorer la tradition familiale, peut également constituer un facteur de motivation. Des filles soldats ont affirmé s’être engagées pour échapper à un esclavage domestique ou un mariage forcé, ou encore pour fuir une situation de violence domestique, d’exploitation et d’autres abus.

Que leur est-il demandé ?
Actions militaires et domestiques.
Les enfants soldats participent aux hostilités, posent des mines et des explosifs, ont des rôles d’éclaireurs ou d’espions, de messagers ou de gardes. Ils participent à des entraînements. Ils effectuent des tâches logistiques ou de soutien, jouer le rôle de porteurs, faire la cuisine ou effectuer des tâches domestiques. Ils sont parfois également réduits à l’état d’esclaves sexuels ou sont recrutés à d’autres fins sexuelles.
Les filles sont plus exposées à l’esclavage sexuel mais participent pleinement aux actions militaires.
Les jeunes filles sont fréquemment recrutées et utilisées à des fins sexuelles, elles sont pratiquement toujours impliquées dans d’autres tâches militaires (participer aux hostilités, poser des explosifs, jouer le rôle de porteur) et aux travaux domestiques.

Que deviennent-ils lors de la démobilisation ?
Lorsque les conflits se terminent, les enfants soldats sont démobilisés. Mais le retour à la vie civile est souvent très compliqué.
Pour une part de ces enfants, la guerre offre un statut, une fonction sociale avec des avantages matériels et l’exercice du pouvoir sur le reste de la population. De retour dans la vie civile, beaucoup ne supportent plus les ordres, la hiérarchie familiale et agressent leurs parents, leurs professeurs, les autres enfants.
Les filles, plus rarement libérées par les groupes armés, sont souvent laissées pour compte du processus de réintégration.
L’important est d’accompagner le retour de ces enfants au sein de leur communauté, au sein de leur famille. Dans beaucoup de pays, par exemple au Liberia, les programmes de démobilisation sont plus axés sur le désarmement que sur la réintégration des enfants soldats. On oublie le lien avec la famille, les séquelles psychologiques engendrées par le conflit. Très souvent, les enfants se retrouvent dans un milieu pauvre, qui a souffert de la guerre. Ils sont vulnérables et on les place dans des situations dangereuses.
Une démobilisation devrait prendre plutôt 4 ou 5 ans. Le nombre d’enfants soldats a presque doublé en Centrafrique


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